La reconversion professionnelle attire de plus en plus de personnes souhaitant se lancer dans une nouvelle carrière ou donner un second souffle à leur parcours. Beaucoup s’interrogent sur la possibilité de percevoir des allocations chômage tout en suivant une formation ou en préparant un projet professionnel radicalement différent. Quelles sont les conditions pour obtenir l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) au cours d’une reconversion ? Comment se déroule l’accompagnement par France Travail ? Voici un tour d’horizon détaillé afin de comprendre les droits, démarches et modalités pour cumuler indemnisation chômage et projet de formation.
Peut-on toucher le chômage pendant une reconversion professionnelle ?

1. Comprendre le lien entre chômage et reconversion
L’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) constitue un soutien financier pour les personnes ayant perdu leur poste de manière involontaire et qui sont en recherche active de travail. Dans le cadre d’une reconversion professionnelle, certains demandeurs d’emploi se demandent s’ils peuvent continuer à percevoir leurs allocations tout en se formant à un nouveau métier. Bonne nouvelle : dans de nombreux cas, le dispositif de l’ARE permet de préserver ses droits au chômage, à condition de respecter certaines règles.
1.1. Les principes généraux de l’indemnisation chômage
Les allocations chômage visent en principe à accompagner une période de transition entre deux emplois. Depuis plusieurs années, la législation française et les mesures gouvernementales ont étendu la possibilité de se former ou de changer de voie tout en percevant des indemnités. Les objectifs sont doubles : faciliter la réinsertion professionnelle et encourager des parcours plus adaptés aux besoins du marché du travail.
2. Les conditions pour bénéficier du chômage pendant une reconversion professionnelle
2.1. Être en situation de demande d’emploi
Afin de percevoir l’ARE, il est indispensable d’être inscrit comme demandeur d’emploi auprès de France Travail. Généralement, l’ouverture des droits survient après la fin d’un contrat de travail (CDI ou CDD) pour motif de licenciement, de fin de mission d’intérim ou de rupture conventionnelle. Dans le cadre d’une démission, l’accès au chômage est restreint mais pas impossible : certaines démissions dites “légitimes” ou visant un projet professionnel validé peuvent être acceptées.
“Depuis la réforme entrée en vigueur en 2019, un salarié démissionnaire peut percevoir l’ARE si son projet de reconversion est reconnu réel et sérieux par la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale (CPIR).”
2.2. Obtenir l’aval de France Travail pour la formation
De nombreux projets de reconversion passent par le suivi d’une formation qualifiante ou certifiante. Pour maintenir l’ARE pendant cette période, il est nécessaire de faire valider le plan de formation par France Travail, souvent à travers un Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE). L’objectif est de vérifier que la formation contribue effectivement au retour à l’emploi.
Quelques critères majeurs pour obtenir un accord :
• La cohérence du projet avec le profil du demandeur
• La faisabilité de l’action de formation (durée, mode de financement, lieu)
• Le potentiel d’employabilité au terme de la formation
2.3. Maintien, suspension ou évolution des allocations
Lorsqu’une formation agréée par France Travail est entamée, plusieurs cas de figure sont possibles :
- Le maintien intégral de l’ARE : le demandeur d’emploi perçoit la même allocation tout au long de la formation, si celle-ci ne dépasse pas la fin de ses droits.
- Le basculement en Aide au Retour à l’Emploi Formation (AREF) : le montant demeure souvent identique, mais l’allocation est désormais catégorisée comme AREF.
- La fin des droits : si la formation s’étend au-delà de la durée d’indemnisation, aucune extension automatique n’est garantie (sauf dispositifs particuliers comme la Pro-A, etc.). Il faut alors étudier d’autres aides possibles.
3. Quelles démarches effectuer pour reconversion et chômage ?
3.1. Construire un projet solide
Le fil conducteur d’une reconversion réussie est une démarche préparée en amont. Il est vivement conseillé de réaliser un bilan de compétences ou un bilan professionnel, afin de cibler les domaines d’activité, les compétences à acquérir et la faisabilité de l’ensemble.
3.2. Prendre rendez-vous avec un conseiller France Travail
Pour lancer officiellement la procédure de validation, le mieux est de présenter le projet au conseiller référent. L’entretien permet de discuter :
- De la pertinence du métier visé
- De la formation envisagée (organisme, durée, coût)
- Des éventuelles aides existantes (AIF, CPF, etc.)
- Des options de financement via le Compte Personnel de Formation
- Du calendrier prévisionnel pour la reconversion
Une fois la validation obtenue, le demandeur d’emploi peut suivre sa formation tout en percevant l’ARE ou l’AREF. Il est cependant impératif de rester en contact avec France Travail pour les actualisations mensuelles (même si les obligations sont parfois allégées durant la période de formation).
3.3. Examiner les dispositifs supplémentaires
Plusieurs structures et dispositifs peuvent soutenir la démarche de reconversion :
- Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) ex-CIF (Congé Individuel de Formation) : à destination des salariés souhaitant se former pour changer de métier. Il nécessite l’accord d’un organisme spécialisé (ex-Fongecif).
- Le Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP) : proposé dans le cadre d’un licenciement économique pour faciliter le reclassement. Les indemnisations chômage sont alors majorées pendant un temps.
- Les OPCO (Opérateurs de Compétences) : structures finançant certaines formations, selon la branche professionnelle.
- Le CPF (Compte Personnel de Formation) : crédit en euros permettant de financer tout ou partie d’un parcours qualifiant.
4. Focus sur la formation rémunérée pendant le chômage
La possibilité de suivre une formation tout en préservant ses indemnités chômage constitue un enjeu majeur. Obtenir une formation certifiante ou diplômante offre un accès à un nouveau secteur, améliore l’employabilité et renforce la compétitivité sur le marché du travail.
4.1. Les formations “conventionnées France Travail”
Comment cela fonctionne ?
Le service public de l’emploi propose régulièrement des formations conventionnées, correspondant aux besoins identifiés dans une zone géographique. Ces parcours, entièrement financés par France Travail, facilitent l’accès à des métiers porteurs (aide à la personne, transport, BTP, numérique, etc.).
En intégrant l’une de ces actions, le demandeur d’emploi peut percevoir l’AREF ou, le cas échéant, la RFPE. Pour y prétendre, il faut être positionné sur la formation par un conseiller France Travail et respecter les prérequis (tests, entretiens).
4.2. Les formations hors catalogue ou par organismes privés
Toutes les formations ne sont pas forcément conventionnées, mais cela n’empêche pas de les suivre. Le demandeur d’emploi peut mobiliser son CPF pour régler tout ou partie des frais pédagogiques, voire solliciter une Aide Individuelle à la Formation (AIF) auprès de France Travail.
5. Obstacles et bonnes pratiques pour cumuler chômage et reconversion professionnelle
De nombreuses initiatives encouragent le changement professionnel, mais certains écueils subsistent. Voici quelques éléments à prendre en considération afin d’éviter les mauvaises surprises.
5.1. La durée des droits à l’ARE
Toute période de chômage est limitée dans le temps. Un projet de reconversion trop long peut emmener le bénéficiaire au-delà de ses droits, entraînant une perte de ressources en cours de route. Avant de s’engager dans un cursus formatif de plusieurs mois, mieux vaut vérifier qu’il sera possible de boucler la formation avant l’épuisement des allocations ou, à défaut, d’envisager d’autres sources de financement (bourses, aide régionale, etc.).
5.2. La disponibilité et l’implication
Changer de métier exige une vraie motivation et un investissement personnel. Les horaires de formation peuvent être intenses ; l’organisation matérielle et financière doit être anticipée (transports, logement éventuel, achat de matériel).
5.3. Les conditions de validation par l’organisme financeur
Même si le projet est pertinent, l’administration peut parfois refuser la prise en charge si elle juge que le secteur n’offre pas de débouchés ou si le demandeur d’emploi ne remplit pas certains critères (ex. : niveau de prérequis insuffisant). Dans ce cas, un recours ou une réorientation peut être étudié.
FAQ
- 1. Une personne en démission peut-elle toucher le chômage durant la reconversion ?
Oui, si la démission est considérée comme “légitime” ou s’il existe un projet réel et sérieux validé par la CPIR. Dans ce cas, le démissionnaire peut prétendre à l’ARE sous certaines conditions. - 2. Le maintien de l’ARE est-il automatique pendant une formation ?
Non. Il faut l’accord de France Travail, qui examine la pertinence de la formation. Parfois, l’ARE se transforme en AREF ou en RFPE, avec des règles de calcul spécifiques. - 3. Que faire si les droits au chômage s’achèvent avant la fin de la formation ?
Il existe des possibilités de financement complémentaires (régions, CPF, AIF), mais elles ne couvrent pas toujours la totalité des besoins. Un plan de financement bien préparé est préférable. - 4. Peut-on cumuler création d’entreprise et perception du chômage ?
Oui. Deux solutions : continuer à percevoir l’ARE mensuellement tout en développant son activité, ou demander l’ARCE pour recevoir une partie du capital en avance. Les démarches se font auprès de France Travail. - 5. Comment prouver la cohérence de son projet de reconversion ?
Généralement, un bilan de compétences, des entretiens avec des professionnels du secteur, une étude de marché ou un plan d’affaires solide servent à étayer le dossier. - 6. La rémunération est-elle la même en AREF qu’en ARE ?
Le montant net reste identique dans la plupart des cas. Seule la catégorie de l’allocation change (AREF au lieu d’ARE). Cependant, en cas de fin de droits, la RFPE peut être inférieure. - 7. Les formations en ligne sont-elles éligibles au maintien du chômage ?
Si elles sont reconnues et validées par France Travail, et qu’elles s’inscrivent dans le projet professionnel, oui. Il faut vérifier la certification et l’organisme dispensant la formation. - 8. Peut-on refuser une offre d’emploi pendant la formation ?
La législation exige de demeurer mobilisable pour l’emploi. Dans la pratique, si la formation est validée et occupe le temps plein, un refus justifié par la nature du projet peut être entendu. Toutefois, France Travail doit être informé en amont pour éviter des sanctions. - 9. Le Compte Personnel de Formation (CPF) peut-il couvrir l’entièreté des frais ?
Tout dépend des sommes accumulées sur le CPF et du coût de la formation. Si la cagnotte est suffisante, la formation peut être intégralement financée. Sinon, il faut trouver des compléments de prise en charge (OPCO, France Travail, autofinancement, etc.). - 10. Les revenus perçus en reconversion ont-ils un impact sur la pension de retraite ?
Les périodes indemnisées par l’ARE comptent dans le calcul des droits à la retraite sous certaines conditions. Cependant, le fait de suivre une formation ne donne pas automatiquement des trimestres de cotisations. Il est conseillé de se renseigner auprès des caisses de retraite pour connaître l’incidence précise. - 11. Comment réagir si la demande de formation est refusée ?
Il est possible de formuler un recours ou de modifier le projet pour le rendre plus acceptable aux yeux de France Travail. Parfois, un appui du conseil régional ou d’un organisme spécialisé peut faire la différence. - 12. Quelles sont les erreurs à éviter lors de la demande d’ARE pour reconversion ?
Ne pas se renseigner en amont, omettre de présenter un projet clair, oublier les étapes de validation avec le conseiller France Travail, ou encore signer un devis de formation sans avoir obtenu l’accord officiel de prise en charge peuvent causer la perte des indemnités. Il est recommandé de respecter scrupuleusement les procédures et de demander un accompagnement si nécessaire.